Texte et Photos: Richard Drouet 

Les Alpinistes ont vécu en 1995, la sortie du Spider comme une trahison de Renault envers la marque Alpine, tant leurs espérances de sauver la marque de Dieppe étaient fortes. Mais l'histoire a voulu que Renault lâche Alpine à son triste sort et a apposé sur le capot, le losange et la toute nouvelle inscription du label "Renault Sport" sur la poupe. Quoiqu'il en soit, cette sympathique auto, sans aucune concession au confort, est considérée comme l'Héritière Alpine, malgré l'erreur d'une motorisation qui manquait cruellement de puissance comme le soulignait la presse de l'époque en le comparant à la Lotus Elise.

Énième concept car de Renault ?

Le Spider est présenté lors du salon de Genève 1995. Sur le stand Renault, une étrange barquette futuriste, au moteur central, muni d'un arceau, dépourvue de tout confort, y compris du pare-brise, attire tous les regards. Bâti comme un proto, le Spider ne sera pas qu'une simple étude stylistique. Il sera homologué pour la route. 1743 exemplaires sortiront des chaines d'assemblage normandes. La production comprend 1215 versions "pare-brise", 438 "saute-vent" et 90 exemplaires dits "Trophy" réservés aux compétitions mono-marque de promotion. Les clients pouvaient choisir leur voiture sous 4 coloris: jaune nacré, rouge nacré, bleu nacré et gris titane.

Malheureusement, le Spider ne connut pas une carrière commerciale exceptionnelle, malgré l'arrivée en renfort dès 1996, d'une version pare-brise venant à point briser l'idée du "trop radical" pour un usage routier.  

Pourtant, et quelle aubaine pour Renault, de très nombreux exemplaires furent expédiés en container, parfois démontés pour limiter le volume dans le fret maritime, jusqu'au Japon où le Spider fait fureur.

Qui aurait pensé que la régie Renault puisse oser mettre sur la route une telle auto ?

Pas grand monde en réalité. Et c'est tant mieux car aujourd'hui, l'auto est rare. Elle fait le bonheur de leurs propriétaires. Le style est celui du Bio Design qui s'est développé à la moitié des années 90's dont Porsche (996-Boxster), Ford (Kia, Puma, Cougar), Dodge (Viper RT10) se sont largement inspirés pour créer des icônes. L'avant, très court, fait penser à celui d'une voiture de course et cache un petit coffre. La partie habitable est posée sur un châssis tubulaire en profil d'alu plein (pour satisfaire aux tests crash) aux soudures apparentes où sont posés deux sièges Récaro . Une carrosserie en fibre synthétique dissimule l'ensemble  dont le moteur deux litres de 150 ch issu de la Clio Williams. Il est situé juste derrière les sièges. Les versions "pare-brise" seront dotés du moteur 2 litres de la Mégane, un peu plus performant mais qui ne changera rien aux problèmes de manque de puissance.

L'exemplaire que nous avons comme modèle pour notre reportage appartient à Michel de Hyères. Acheté en 1997 avec 1600 km, son Spider est dans un état proche du neuf. Rien de surprenant, le compteur indique aujourd'hui 32000 km, kilométrage largement inférieur à la moyenne. Il n'y a aucun défaut, il est comme neuf. Seules, des housses en éponge ont pris place sur les sièges. Les gens qui vivent dans le sud de la France comprendront aisément qu'il faille isoler les cuirs ou skaï du soleil pour éviter les brûlures, d'autant que sur le Spider, ils sont bien exposés. L'échappement n'est pas d'origine mais ce n'est pas regrettable puisque le Spider manquait d'origine, de sonorité.

La sonorité du moteur d'origine n'était pas vraiment gratifiante. Michel décida de mettre un pot d'échappement Zeeter qui a le mérite de vocaliser haut sans monter dans les tours. Un vrai régal pour les oreilles cachées sous le casque.

Sous le capot avant, le coffre qui permet de ranger le saute vent... On doit y trouver également une valise en alu, devenue rare avec le temps dans laquelle se trouvent le cric et la notice d'utilisation.

Un tableau de bord typé moto. L'instrumentalisation est à protéger de la pluie. Sinon, les problèmes électriques ne tarderont pas à arriver.

Un intérieur dépourvu de tout confort et exposé aux intempéries. Ne cherchez pas, ni moquette, ni chauffage, il n'y a rien. On n’achète pas un Spider pour son confort. Il n'y a que l'essentiel: un volant, une boite de vitesse, un frein et un accélérateur. On est vraiment aux antipodes des constructions automobiles actuelles.

Le saute-vent est efficace. Il canalise vers le haut le flux d'air. La version pare-brise semblera en comparaison, bourgeoise.

Une carrosserie en polyester qui ne craint pas évidemment la rouille et facilement " travaillable " en cas de choc. A l'achat, il faudra impérativement mettre la voiture sur un pont pour vérifier le châssis et ses longerons.

L'harmonie du rare rouge nacré avec le gris titane est magnifique.

Le Road-Trip dans le parc naturel de la Sainte Baume. 

Le Renault Sport Spider, bien posé sur la route, ne passe pas inaperçu et attire tous les regards.

C'est sur ces routes de montagne que le Spider Renault s'apprécie. Sa conduite s'apparente à celle d'un proto. Les baquets offrent un bon maintient. Cependant, il n'y a pas d'assistance à la conduite. La direction est brute, tout comme le freinage. Le comportement de l'auto offre de belles sensations à son pilote qui doit composer avec un Spider vif et agile. Dommage que la mécanique soit linéaire et nullement aidée par une boite dont l'étagement est long.

Il faut savoir tempérer ses ardeurs au volant du Spider Renault. Le quatre cylindres en ligne de 1998 cm3 permet d'obtenir un 0 à 100 km/h en 6.9 secondes pour une vitesse maxi de 215 km/h. De quoi bien s'amuser, cheveux au vent.

Comme un petit air de Targa Florio... 

Le Spider est agile avec ses 930 kg et se faufile dans les ruelles des villages traversés. Dans cette version "saute-vent", le port du casque est conseillé. On n'est pas à l'abri de rencontrer un insecte suicidaire ou même un gravillon projeté.

Quoiqu'il en soit, le Spider ne laisse pas indifférent, on aime ou pas. Sachez simplement que sa côte monte tranquillement, que la voiture n'est pas courante et qu'il est impératif de bien regarder l'auto si l'on envisage d'en acheter une. Si vous franchissez le pas, vous ne pourrez pas le regretter tant la voiture est généreuse en sensations. 

En somme, une sportive à la Française comme on les aime.